03 - Don Camillo et Peppone by Guareschi Giovanni

Author:Guareschi, Giovanni [Guareschi, Giovanni]
Language: eng
Format: epub
Tags: Roman, Humour, Don Camillo
Published: 2012-04-09T09:02:21+00:00

LA DANSE DES HEURES

À dire le vrai, le Château où se trouvait le siège de la Commune était mal en point et tombait en morceaux ; aussi quand on vit arriver l’équipe de maçons, puis grimper les échafaudages le long de la tour du château, tout le monde s’écria : « Il était temps ! ».

Ce n’était même pas pour des raisons esthétiques, parce que, dans nos pays, on se moque de l’esthétique comme d’une figue sèche ; une chose est belle quand elle est de bonne qualité et répond bien à l’usage qu’on en veut faire. À dire vrai, tout le monde au village, a une fois ou l’autre l’occasion d’aller à la Mairie ; tout le monde vivait donc avec la crainte de recevoir, en passant sous le portique, une brique ou un morceau de corniche sur la tête.

Quand ils eurent achevé les échafaudages, les maçons recouvrirent le tout avec des claies, afin d’éviter que les plâtras ne tombent sur la tête des gens obligés d’entrer et sortir. Puis les travaux de restauration commencèrent.

Ils durèrent un mois exactement ; puis une nuit les ouvriers enlevèrent tout et le matin les gens du pays – et même ceux d’ailleurs parce que c’était le jour de marché – eurent la surprise de voir la tour restaurée.

Du travail bien fait, à la vérité ! Un vrai travail de spécialistes ; naturellement, il y avait aussi le petit coup de trompette politique, inévitable : on avait planté une grande pancarte devant la tour sous la crénelure et sur la pancarte on pouvait lire : « Ces travaux d’utilité publique n’ont pas été financés par le Fonds ERP »{2}.

Don Camillo se trouvait parmi ceux qui étaient accourus voir la tour dès que le bruit s’était répandu qu’on avait ôté les échafaudages. Or, Peppone n’attendait que cela et, quand il le vit parmi les badauds, il fit en sorte de se trouver dans son dos.

— Qu’en dit le Révérend ? demanda Peppone.

Don Camillo ne se retourna même pas.

— Bon travail, dit-il. Dommage que cette pancarte gâche toute l’esthétique de l’ensemble.

Peppone se retourna vers son état-major qui – regardez un peu le hasard ! – se trouvait dans les parages.

— Vous avez entendu ? Le Révérend dit que, à son avis, la pancarte gâche l’esthétique. Pour un peu, je serais du même avis.

— Quand il s’agit de questions esthétiques, le Révérend a son mot à dire, s’exclama Smilzo. Moi, je considère qu’il a raison.

Ils discutèrent quelque peu ; puis, à la fin Peppone prit une décision.

— Que l’un d’entre vous aille donner l’ordre d’enlever la pancarte, ne serait-ce que pour prouver que nous ne sommes pas de ces individus qui prétendent avoir toujours raison.

Deux minutes plus tard, quelqu’un défit les cordes et la pancarte fut immédiatement en bas. Alors on put déguster la vraie surprise : l’horloge.

De tous temps, il n’y avait eu dans le village qu’une horloge, celle du clocher : maintenant, il y avait en outre l’horloge du Château.

— Pour l’instant on ne

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