Gx134 by Collectif

Author:Collectif
Language: fra
Format: epub
Tags: SF
Publisher: OPTA
Published: 1975-03-16T04:00:00+00:00

Le fait que la nuit soit aussi hostile sur Selva était le facteur le plus important dans l’étrange évolution de la politique selvane. La planète avait été originellement colonisée par un groupe de cinq cents idéalistes, volontaires terriens du pays d’Uruguay, membres du Programma Politico de Mao, qui avaient acheté la planète à bas prix à une compagnie minière qui ne trouvait personne pour faire fonctionner ses machines.

El Programma arriva donc avec une excellente organisation, un système de devoirs et rémunérations qui aurait très bien marché dans un environnement plus hospitalier.

La compagnie minière ne les avait pas totalement trompés sur les dangers qu’ils rencontreraient sur Selva – ils arrivèrent avec des armes, des grillages électrifiés, une ferme détermination et aucun désir d’aller rôder près de la jungle la nuit. Mais, pour cette planète, ils n’étaient que des morceaux de protéines relativement accessibles jetés en plein milieu du terrain le plus compétitif que l’écologie ait jamais découvert. 25 000 kilos de chair de monstre.

Ils perdirent près de cent membres le premier jour et le même nombre dans la semaine qui suivit. La semaine suivante quarante disparurent, puis dix-sept, puis huit.

Il serait peut-être naïf d’en déduire qu’il se passait une forme de sélection naturelle primitive, et que seuls les plus forts survécurent. Cela entra en jeu en partie, mais le facteur le plus important fut la chance et la pratique. Ils étaient tous fermiers, par profession et tempérament, et aucun fermier, aussi fort soit-il, n’en sait assez long sur les techniques d’auto-défense pour survivre longtemps sur Selva, excepté par pure chance. S’il survivait et apprenait, éventuellement il n’avait plus besoin d’autant de chance – mais il devenait un voisin moins avenant.

Inexorablement, en moins d’une génération, ce qui avait débuté comme une aimable expérience de vie communautaire dégénéra en une bizarre association de clans mutuellement soupçonneux, un système plus approprié au quatorzième siècle qu’au vingt-troisième.

Cela commença avec la position des femmes. Avec El Programma, les femmes étaient supposées être les égales absolues des hommes, excepté en ce qui concernait la fonction spéciale de l’enfantement. Afin d’éviter les croisements consanguins dans la colonie, les dirigeants avaient emmené dix mille paires d’ovules et de spermatozoïdes, prêt à être fertilisés. Tous les Hommes de l’expédition avaient acceptés d’être stérilisés. Avec ce qui était considéré alors comme des techniques modernes, une femme pouvait donner naissance quatre ou cinq mois après implantation.

Après que la population se soit stabilisée, ils étaient alors à peu près deux : cents, il devint évident que les femmes allaient devoir rester enceintes pour le restant de leurs jours, jusqu’à ce qu’elles n’en puissent plus, ou la race disparaîtrait. Et elles devaient être protégées de Selva, ce qui était pratiquement une condamnation à la prison à vie, avec remise de peine pour les vieux jours.

Au début, les femmes étaient gardées dans les cinq vaisseaux colonisateurs, devenus inutilisables comme moyens de transport, mais qui étaient résistants contre dents et griffes. Les hommes restaient avec elles la nuit et s’aventuraient dehors pendant la journée, pour chasser,

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