Manitou by Graham Masterton

Author:Graham Masterton [Masterton, Graham]
Language: eng
Format: epub
Tags: Fantastique, TerreuretHorreur, Thriller, Thriller
Publisher: Fleuve noir
Published: 1957-10-24T00:00:00+00:00

6

AU-DELÀ DES BRUMES

Durant toute la nuit de lundi, Singing Rock et moi devions veiller à tour de rôle sur Karen Tandy. Nous étions tous les deux tombés d’accord sur le fait que le Dr Hughes devait rentrer chez lui et avoir une bonne nuit de sommeil, parce que si nous parvenions à faire réintégrer son corps au manitou de Karen, il devrait être frais et dispos pour une intervention médicale qui serait sans doute nécessaire et des plus urgentes.

Nous prîmes possession de la chambre d’hôpital voisine de celle de Karen et, pendant que Singing Rock dormait, je m’installai sur une chaise inconfortable dans le couloir, surveillant le panneau vitré de la porte solidement fermée de notre malade. Un infirmier se trouvait à l’intérieur, avec Karen, au cas où elle aurait besoin de soins médicaux, mais il avait été prévenu que s’il voyait quelque chose d’inhabituel, il devait frapper à la porte et m’appeler.

J’avais réussi à me procurer, à la Bibliothèque, un exemplaire du livre du Dr Snow sur les Indiens Hidatsa, et je commençai de le lire, sous la lumière brutale du néon de l’hôpital. Le livre était d’une lecture plutôt aride, mais le Dr Snow était manifestement très au fait de la magie pratiquée par les « hommes-médecine ».

Vers deux heures du matin, mes paupières commençaient à devenir lourdes, et j’eus l’impression que je ne désirais rien de plus au monde qu’une douche chaude, un verre bien tassé et dix heures de repos complet. Je bougeai sur ma chaise pour me réveiller un peu, mais peu de temps s’écoula avant qu’une sensation de détente cotonneuse ne me pénétrât de nouveau, d’une façon insidieuse.

Sans m’en rendre compte, je m’assoupis peu à peu, et comme je m’assoupissais, je me mis à rêver. Je rêvai que j’étais environné de ténèbres chaudes et moites, quoique je n’eusse aucune sensation de claustrophobie ni de suffocation. C’était comme si je me trouvais dans le sein maternel qui me procurait chaleur, confort, force et nourriture. J’avais l’impression d’attendre que quelque chose arrive – d’attendre le bon moment. Lorsque ce moment se présenterait, je devrais quitter ces ténèbres chaudes et aller vers un endroit glacé et inconnu. Un endroit qui était effrayant et étranger.

La sensation de peur me réveilla. Je regardai aussitôt à ma montre pour voir combien de temps j’avais dormi. Pas plus de cinq ou dix minutes, supposai-je. Je me levai et allai jusqu’au panneau vitré de la porte de Karen. Elle était toujours allongée là-bas, recouverte par un drap léger qui dissimulait la plus grande partie de l’horrible excroissance sur son dos. Elle était toujours inconsciente et son visage ressemblait presque à un crâne décharné. Ses yeux étaient de grands cercles emplis d’ombres pourpres, ses traits profondément marqués. Elle semblait au seuil de la mort. Seules les aiguilles tremblotantes des appareils de contrôle médical, placés à côté de son lit, indiquaient que quelque chose vivait toujours à l’intérieur de son corps.

L’infirmier, Michael, était assis, les jambes croisées, et lisait un roman de science-fiction en livre de poche, qui portait le titre La Fille de la Planète Verte.

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