[Les Enfants de la Terre-3] Les chasseurs de mammouths by Auel Jean M

[Les Enfants de la Terre-3] Les chasseurs de mammouths by Auel Jean M

Author:Auel,Jean M.
Format: mobi
Tags: Roman Historique
Publisher: Alexandriz
Published: 1985-01-01T03:00:00+00:00


22

Quatre paires de sabots martelaient à l’unisson la terre durcie.

Couchée sur le garrot de la jument, Ayla plissait les paupières contre le vent glacial qui lui brûlait le visage. Elle chevauchait sans effort, et l’action conjuguée de se genoux et de ses hanches était en parfait accord avec les muscles puissants de sa monture lancée au galop. Elle nota un changement dans le rythme des autres sabots, lança un coup d’œil vers Rapide, Il avait pris de l’avance mais montrait maintenant des signes de fatigue et se laissait distancer. Elle amena la jument à s’immobiliser. Le jeune étalon en fit autant. Enveloppés des nuages de vapeur que dégageait leur respiration haletante, les deux chevaux baissaient la tête. Ils étaient fatigués l’un et l’autre, mais la course avait été belle.

Maintenant bien droite et toujours en harmonie avec l’allure de sa monture, Ayla reprit la direction de la rivière. Elle appréciait de se retrouver au grand air. Il faisait froid, mais le temps était magnifique : l’éclat d’un soleil incandescent était encore accentué par la glace étincelante et la blancheur laissée par un récent blizzard.

A peine sortie de l’abri, ce matin-là, Ayla avait décidé d’emmener les chevaux pour une longue course. L’air lui-même l’y engageait : il semblait plus léger, comme si un pesant fardeau s’était dissipé. Le froid semblait moins intense, bien que rien n’eût visiblement changé. La glace était toujours aussi solide, la neige toujours poussée par le vent en minuscules projectiles.

Elle avait décelé de subtiles différences. La température s’était élevée, le vent soufflait avec moins de violence. On aurait pu parler d’intuition, d’impression, mais il s’agissait en réalité d’une sensibilité aiguë. Pour des gens qui vivaient sous des climats où régnait un froid extrême, la plus infime différence dans la rigueur des conditions atmosphériques attirait l’attention et se voyait souvent accueillie par un déploiement d’exubérance. Ce n’était pas encore le printemps, mais l’impitoyable étreinte d’un froid accablant s’était un peu desserrée. Ce réchauffement presque imperceptible apportait avec lui l’assurance que la vie allait renaître.

Ayla sourit en voyant le jeune étalon partir en caracolant, l’encolure fièrement arquée, la queue toute droite. Elle considérait encore Rapide comme le petit qu’elle avait aidé à mettre au monde, mais ce n’était plus un jeune poulain. S’il n’avait pas encore atteint son poids adulte, il était déjà plus grand que sa mère, et c’était un véritable cheval de course. Il aimait courir, il filait comme le vent. Pourtant, il existait une différence entre les chevaux. Sur une courte distance, Rapide courait invariablement plus vite que sa mère, il la distançait aisément dès le départ. Mais Whinney avait plus d’endurance. Elle pouvait galoper plus longtemps et, sur un long parcours elle rattrapait invariablement son fils, le dépassait et poursuivait sa course à la même allure régulière.

Ayla mit pied à terre mais s’immobilisa un instant avant d’écarter le rabat pour entrer dans l’habitation. Il lui était fréquemment arrivé d’utiliser les chevaux comme prétexte pour s’échapper, mais ce matin là, elle avait constaté avec un soulagement particulier que le temps se prêtait à une longue course.



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