Bonaparte by Castelot André

Bonaparte by Castelot André

Author:Castelot, André [Castelot, André]
Language: eng
Format: epub
Tags: Histoire
Publisher: Librairie Académique Perrin
Published: 2012-02-25T04:54:53+00:00


Le lendemain matin, dès sept heures, par un temps beau, mais frais – l’Observatoire a noté la première gelée blanche de la saison – le jardin et la petite allée étroite, longue de quatre-vingt-dix mètres, qui de la rue de la Victoire conduit au petit hôtel de Napoléon, regorgent d’officiers en grande tenue. En voyant l’affluence tous comprennent : « C’est pour aujourd’hui ! »

Le général Lefebvre qui commande la garnison de Paris – y compris la Garde nationale du Directoire – a été, bien entendu, lui aussi, convoqué. En apercevant la foule des officiers, il témoigne quelque surprise, mais Bonaparte lui offre le sabre qu’il portait en Égypte, lui parle de ces « b... d’avocats » d’où vient tout le mal, et le mari de Mme Sans-Gêne jure de les jeter tous « à la rivière ».

Le général Debelle apparaît en habit bourgeois...

— Comment, s’étonne un ami, tu n’es pas en uniforme ?

— Je ne savais rien... mais, attends, ce ne sera pas long.

Et, se tournant vers un canonnier, ordonnance d’un officier, il lui demande :

— Donne-moi ton habit, mon brave !

Et, en pleine rue, les deux hommes changent de costume. Bernadotte, que Joseph accompagne, pour plus de sûreté, est lui aussi, en civil. Bourrienne s’approche :

— Mon général tout le monde ici, excepté vous et moi, est en uniforme.

— Pourquoi y serais-je ?

À cet instant, Bonaparte quitte le groupe d’officiers qui l’entourent et s’exclame :

— Il vaudrait autant être en pantoufles !

Puis il demande avec vivacité à Bernadotte :

— Tiens ! vous n’êtes pas en uniforme ?

— Je suis ainsi tous les matins, quand je ne suis pas de service.

— Vous y serez dans un moment.

— On ne m’a rien dit, les ordres devraient m’être parvenus plus tôt.

Bonaparte entraîne alors le mari de Désirée vers un cabinet voisin et lui déclare :

— Le Directoire gouverne mal : il détruirait la République si nous n’y prenions garde... Le Conseil des Anciens m’a nommé commandant de Paris, de la Garde nationale et de toutes les troupes de la division : allez mettre votre uniforme, vous me joindrez aux Tuileries où je vais de ce pas.

Bernadotte fait la grimace. Napoléon martelle ses mots :

— Vous croyez peut-être compter sur Moreau, Macdonald, Beurnonville et quelques autres généraux ? Ils viendront à moi plus tôt que vous ne le pensez, car ils y sont déjà, et ils m’attendent depuis longtemps dans mon antichambre... Vous ne connaissez pas les hommes : ils promettent beaucoup et tiennent peu.

Bonaparte élève maintenant la voix :

— Votre Directoire est détesté, sa constitution usée. Il faut faire maison nette et donner une autre direction au gouvernement. Allez mettre votre uniforme. Je ne puis vous attendre plus longtemps !

— Je ne veux pas prendre part à une rébellion, réplique Bernadotte froidement.

— Une rébellion, s’exclamera Bonaparte quelques instants plus tard en racontant la scène à son secrétaire. Une rébellion, Bourrienne, concevez-vous cela ? Un tas d’imbéciles, des gens qui avocassent du matin au soir dans leurs taudis !

Le futur roi refuse toujours de « marcher ».



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