(La Compagnie Des Glaces 02) Le sanctuaire des glaces

(La Compagnie Des Glaces 02) Le sanctuaire des glaces

Author:Georges-jean Arnaud
Language: fr
Format: mobi
Tags: Ciencia ficción, Novela
Published: 2011-01-08T23:00:00+00:00


chapitre IX

Ce soir-là, dans le petit hôtel, il y avait un banquet d’anciens combattants du village.

—Ah, lui dit l’aubergiste, ce sont tous de braves garçons mais s’ils ne sont pas à la guerre, c’est qu’ils ont été réformés et certains sont dans un état pitoyable. Vous verrez... Vous avez de la chance de ne pas être mobilisé, vous savez.

—Je l’ai été, dit Lien, mais comme j’ai été blessé à une jambe, je suis libéré de mes obligations militaires.

—Ne soyez pas trop rassuré pour autant. Il paraît qu’ils reprennent ceux qui n’ont été que légèrement blessés et que pour être sûr de ne pas retourner au front, il faut avoir perdu un membre, un œil, enfin, être vraiment estropié.

Les sentiments assez pacifistes que l’hôtelier semblait manifester surprirent Lien. En général, dans les petits villages loin de l’effervescence des grands centres, on était assez traditionaliste et l’on pensait que, si la Compagnie faisait la guerre à la Sibérienne, c’était pour une juste raison.

—Nous avons perdu un fils de vingt ans, lui dit la patronne... Il était quartier-maître sur un aviso de reconnaissance. Ils sont allés trop loin sur le réseau ennemi et ont sauté sur une mine. Il a été porté disparu mais nous savons qu’il est mort.

L’arrivée des anciens combattants lui causa un choc. Le premier dut être porté par ses parents jusqu’à sa chaise ; il n’avait plus de jambes. L’autre, aveugle, était guidé par son jeune frère. Puis ce fut presque un défilé cauchemardesque. Les moins atteints tiraient une jambe, avaient la moitié du visage emportée. Lien savait la raison de leur si grande détresse physique. Ces jeunes gens n’avaient jamais eu de spécialité professionnelle. Depuis toujours ils travaillaient aux fabriques de savon. On les avait enrôlés dans les unités de choc. Lui, par exemple, avait eu assez de chance, même s’il avait été blessé. Moins grièvement que ceux-là que l’on installait autour de la grande table. La patronne avait soigné son menu. Il y avait des poules qui cuisaient à la broche, un cuissot de jeune renne très tendre et des légumes verts cultivés dans le village même. La terre n’était que de la tourbe venant de la station voisine.

Et puis le chef de Station, en grand uniforme, assisté de son adjoint, vint présider le repas. Comme partout il faisait office de maire et d’officier de la Sécurité. En passant près de la table de Lien, il lui jeta un regard soupçonneux mais alla vite serrer les mains des réformés.

On apporta de la bière et de la vodka. Il fallut en aider certains à boire à la santé de la Compagnie. Puis le chef de Station se crut obligé de faire un discours.

—Vous avez tout sacrifié pour que la Compagnie ne devienne pas la proie des envahisseurs. Si vous vous étiez comportés comme des lâches, nous ne serions pas aujourd’hui ici dans cette salle en train de nous réjouir. Aux dernières nouvelles, nous avons opéré une percée extraordinaire dans le Nord-Est. Nous avons atteint un grand centre de communication de l’ennemi.



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