Ces Dames Aux Chapeaux Verts by Germaine Acremant

Ces Dames Aux Chapeaux Verts by Germaine Acremant

Author:Germaine Acremant [Acremant, Germaine]
Language: eng
Format: epub
Tags: Roman
Published: 2012-01-12T07:56:03+00:00


CHAPITRE VIII

Le lendemain matin, Arlette s'éveille au bruit que fait Marie en entrant dans sa chambre :

— Vous avez dormi tard, petite cousine. La tombola vous a fatiguée. J'ai entendu la messe toute seule. J'ai prié mes sœurs de vous laisser reposer…

— Quelle heure est-il donc ?

— Huit heures.

— Déjà ?

— Le temps est splendide. Ce soleil est une joie…

Comme Marie, enthousiaste, ouvre la fenêtre, Arlette constate que le soleil n'est pas plus lumineux que les autres jours. Au contraire ! Elle le trouve plus gris. Comme quoi les couleurs qu'on prête aux êtres et aux choses dépendent surtout des couleurs que l'on a dans l'âme !

Arlette est de mauvaise humeur. Elle a beaucoup réfléchi pendant la nuit. Elle n'arrive pas à s'expliquer pourquoi, étant fiancé, Jacques a pour elle des prévenances aussi gracieuses. Est-ce qu'il prétendait la traiter comme ces petites jeunes filles avec qui l'on flirte et que l'on abandonne au premier jour sans se soucier du chagrin qu'elles peuvent avoir ?

Cela, jamais Arlette ne le permettra.

Pour l'instant, elle est inquiète, nerveuse. Non pas qu'elle soit jalouse, mais le bonheur trop manifeste de Marie lui fait mal…

Celle-ci, à la fenêtre, ne se pâme-t-elle pas !

— Comme c'est beau, un jour d'été !

— Oh ! il ne faut rien exagérer !

Arlette a dit cela d'une voix si agacée que Marie comprend son indiscrétion :

— Allons !… Je vous laisse vous habiller… C'est aujourd'hui le jour du camphre et du poivre… Je descends…

Elle est à peine sortie qu'Arlette regrette de l'avoir traitée si durement. Elle ira cet après-midi même voir M. Hyacinthe. Il importe que celui-ci se déclare au plus tôt…

Le jour du camphre et du poivre ? Quelle est encore cette nouveauté ?

Arlette ne se le demande pas longtemps. Elle a à peine posé le pied sur la première marche de l'escalier qu'une odeur piquante la saisit aux yeux et à la gorge. Elle tousse et deux grosses larmes coulent sur ses joues.

Héroïquement, elle vient au salon où les fauteuils, les chaises et le canapé sont dépouillés de leurs housses. Jeanne et Marie plongent les mains dans une boite profonde et emplissent de boules blanches de petits sacs de gaze que Telcide et Jeanne répartissent en des coins choisis de la pièce :

— C'est à cause des mites ! lui dit-on. Attendez-nous. Dans quelques instants, vous nous aiderez à envelopper nos rotondes et nos palatines…

Ces demoiselles Davernis appellent ainsi leurs grands collets d'hiver et leurs fourrures.

— Après nos palatines, il y aura d'ailleurs nos bas, nos chaussons de nuit, nos bottines fourrées…

— Et nos spencers, ces gros gilets de laine que nous mettons dès la Toussaint…

— Sans oublier nos mitaines et nos frileuses…

— Et nos petites coiffures de jardin…

Arlette croit que l'énumération est terminée, mais elle compte sans Telcide, qui aime vanter ses richesses :

— Ensuite, déclare-t-elle, vous nous verrez empaqueter nos jupons de laine et de molleton, nos dodos de pilou et nos châles. Nous avons des châles de toutes tailles et de toutes nuances. Il en est que nous tenons de notre grand-mère et de notre mère.



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