Crise d'otages by James Patterson

Author:James Patterson [Patterson, James]
Language: eng
Format: epub
Tags: Thriller, Thriller
Published: 2011-07-07T14:03:59+00:00

40

Lorsqu’il cessa de faire semblant de dormir, John Rooney n’avait aucune idée de l’heure. À la lumière chiche qui pénétrait à travers les vitraux, il jugea qu’il était aux alentours de neuf heures.

Les bancs étant trop étroits pour s’y installer confortablement, les preneurs d’otages les avaient autorisés à s’allonger sur des coussins au pied de l’autel. Mais les coussins des agenouilloirs étaient minuscules, et glacial le sol de marbre de la chapelle – au point de faire passer le bitume d’un bon vieux trottoir pour un vrai matelas.

« Je prendrai ma tasse de peur avec un nuage d’épuisement, pensa Rooney en se frottant les yeux. Un gros nuage d’épuisement, si ça ne vous dérange pas, messieurs les ravisseurs. »

À l’entrée de la chapelle, trois preneurs d’otages cagoulés les surveillaient, confortablement assis sur des sièges pliants, un gobelet de café à la main. Jack n’était pas là, Little John non plus. Rooney n’aurait pas su dire combien ils étaient exactement, à cause de leurs robes et de leurs cagoules. Au moins huit, peut-être douze, voire plus. Ils se relayaient selon un planning soigneusement mis au point.

Rooney sentit la moutarde lui monter au nez en voyant l’un des types allumer sa cigarette à la flamme d’un cierge.

Une main se posa sur son épaule et Charlie Conlan s’installa à côté de lui.

— Salut, jeune homme, fit Conlan à voix basse sans le regarder. Bravo pour hier soir, tu as du cran.

— Je suis con, oui, répliqua Rooney en caressant machinalement sa joue balafrée.

— Non, non, tu as des couilles. Le tout est de recommencer, mais au bon moment.

— Tu es toujours décidé à te battre ?

Conlan hocha calmement la tête et Rooney l’observa en coin. Avec son regard bleuté, Conlan était encore plus balèze en vrai que l’image de rocker qui avait fait sa légende.

— Yo, les gars, murmura une voix derrière eux.

Mercedes Freer, celle que la revue The Source avait surnommée « la teupu ado », venait de se réveiller. Libérée la veille de son confessionnal, elle avait rejoint les autres devant l’autel.

— Vous avez une idée derrière la tête, les machos ? demanda-t-elle.

Après un instant d’hésitation, Rooney décida de la mettre dans la confidence.

— On y pense.

— Ça baigne. Si vous voulez tout savoir, y’a un de ces empafés qui me kiffe grave. Il a pas arrêté de me blablater toute la soirée derrière la porte du confessionnal. Le grand maigre avec un flingue, là-bas. On pourrait s’en servir, j’ai qu’à faire comme si je le kiffais, moi aussi.

Leur conciliabule fut interrompu par l’arrivée de Little John, armé d’un plateau de gobelets de café.

— Debout là-dedans ! tonna-t-il en remontant l’allée. Remuez-vous le cul, les joyeux campeurs, c’est l’heure de la graille.

Une note grave s’éleva trois rangées derrière Rooney, à l’endroit où se tenait le révérend Solstice. L’acteur se demanda un instant si le prédicateur afro-américain n’était pas en train de faire une crise cardiaque, avant de comprendre que l’autre entonnait un cantique.

— Amaaaaaaaaaaazing grace, how sweeeeeeet the sound...

Le voisin de Solstice, le pasteur Sparks, joignit sa voix à la sienne.

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